A l’occasion de la publication du livre d’Anne LUIGI-DUGGAN, intitulé Médiations aquatiques, et dont le site internet est relayé ici, je me suis replongé … si je puis dire…, dans cette expérience d’initiation à la plongée sub-aquatique avec la Fédération française de plongée en 2009 et 2010.
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Anne LUIGI-DUGGAN avec qui j’ai eu plaisir à échanger dans cette période, et qui m’a fait l’honneur de partager sa passion avec mon équipe écrit :
Les médiations aquatiques sont une approche de la personne centrée sur la globalité, le respect des rythmes et la libre expérience de chacun avec l’eau.
Elles mettent en présence, dans une masse d’eau suffisante, un médiat (l’eau), un médiateur (animateur, accompagnant ou soignant) et un public, une personne ou un groupe accueillis (médiés)
Ce sont des médiations à entrée corporelle qui puisent leurs richesses et leurs effets du fait que l’eau touche intérieurement chaque personne, déstabilise ses repères de terrien et entraîne des bouleversements physiques, physiologiques, pulsionnels et psychiques.
Par le travail conjoint du médiateur et du médié, l’eau devient espace de découverte et d’apprentissage, milieu révélateur et projectif, milieu de connaissance de soi et des autres, milieu de soins.
Son travail de toute une vie prend source… si je puis me le permettre…, dans ses racines Corse. Et on pourrait toujours lui enlever son mérite, car elle a bien été obligée de se jeter à l’eau… si je puis dire… pour rejoindre la communauté des non-insulaires.
Fondamentalement éloignée des bases théoriques sur lesquelles je me suis appuyé au travers de mon mémoire universitaire, Anne a développé les dimensions symboliques et relationnelles de son travail avec le corps, et s’est intéressée à la question de comment le corps pouvait être écouté, comment il pouvait exprimer les besoins de la personne, comment cette intimité aquatique pouvait tout en transgressant le cadre psychothérapique traditionnel permettre au travers d’un autre cadre une construction d’un lien interpersonnel porteur de sens. Je crois que malgré nos approches divergentes, nous nous sommes retrouvés car nous étions imprégnés des mêmes idéaux et baignons tous deux… dans la même atmosphère…
Avec des enfants porteurs d’un autisme de haut niveau, c’est-à-dire sans déficience intellectuelle et sans retard de langage, l’idée était de développer « un intérêt électif partagé ». Cet oxymore fait écho à l’intérêt électif des personnes qui présentent un TED, trouble envahissant du développement, qui avec les particularités langagières et les difficultés dans les interactions sociales constituent la triade autistique.
En même temps, j’avais trop lu d’inepties sur eau et « eau »tisme, et le manque de rigueur scientifique, le dogmatisme qui imprégnait la culture de certains thérapeutes passionnés par ce sujet mais déconnectés des avancées de la science m’invitait à la plus grande des prudences quand aux aspects thérapeutiques de la pratique initiée. Je la présentais plus volontiers comme une avancée dans le sens de l’intégration sociale d’enfants dans une pratique qui était régie par des règles extrêmement strictes, compréhensibles d’ailleurs car la plongée est une pratique à risque.
Une pratique à risque, … mais un apprentissage porteur de sens, et en l’occurrence, porteur de sens pour ces enfants, justement.
Finalement, malgré des cursus professionnels très différents, dans des lieux différents, à un stade de notre carrière professionnelle, nous nous sommes tous les deux mouillés… si je puis dire…, et nous avons dépassé l’approche traditionnelle en tête à tête pour privilégier la dynamique de groupe, et nous avons tous deux partagé avec les personnes qui nous sollicitaient une passion commune.
Tout autant que la poussée d’Archimède, c’est cette passion qui les a portés dans le milieu thérapeutique inhabituel dans lequel nous les avons immergé.
Dans une vie de thérapeute, nombre sont ceux qui nous remercient de leur avoir sorti la tête de l’eau… nous l’avons fait de manière bien paradoxale…